..perchés sur nos collines aux rochers scintillants pierres éclatées sous le soleil senteurs de pins aux sèves dégoulinantes cigales excitées avec mon frère nous étions de riches terriens installés dans des arbres sans âges quand tout allait bien sous des cartons quand tout allait mal.
Nous regardions les fourmis, les antennes arrachées nous les tenions dans nos mains. Des paris prenaient forme, des combats avaient lieu. Les centimes en alu changeaient de poche cachée entre deux pins une vieille ligne de chemin de fer comme lieu de rencontre, nous l'avions acheté contre une poignée de cailloux brillants à une bande rivale.
En continuant tout droit nous longions le canal, le pic de l'étoile en vue. Nous marchions beaucoup sans but au point de se perdre. Il y avait toujours des maisons de bric et de broc, des repaires de bandits. C'est drôle ils signaient sur les murs. Nous inventions leur regard, leur voix, leur crime. A l'aide de paille nous allumions un feu et nous buvions l'apéro, du thym et de l'eau. Nous avions des hectares et des hectares de terre à ne plus savoir quoi en faire. Mon frère et moi étions riches et nous n'en savions rien à cet âge là. Que des collines à perte de vue, des garrigues et des garrigues.
Nous ne pouvions mettre des frontières de partout.! Nous n'en avions pas les moyens. On avait bien quelques centimes en poche mais c'était tout! Des fois des intrus venaient chez nous, sur nos terres. Après bien des palabres des guerres étaient déclenchées à coups de pierres. Les blessures saignaient quelque fois et heureusement que mon frère et moi avions construit des hôpitaux de campagne.
Un peu d'eau et de la terre sur les cuirs chevelus. Un mouchoir blanc mettait fin à ces tragiques combats et tout reprenait comme avant. Il n'y avait jamais de gagnant et les bonbons étaient partagés, les rires aussi d'ailleurs. Des bouts de terres contre des bouts de bois, des lance pierres et des pièges, mon frère et moi ne regardions pas sur les dépenses. Une ou deux terres en moins pfff et alors! Il n'y avait jamais de filles elles criaient trop puis elles étaient toujours en jupe. Une fois on a acheté deux cheveaux nains on pouvait pas les monter il fallait 50 centimes.
On comprenait pas pourquoi on devait payer pour monter nos propres chevaux. Le gars s'est fâché on a détalé. On avait pas de vélos, nous descendions les pentes le cul sur un patin à roulette assis dessus des trous aux culottes, les coudes pleins de cicatrices, les fronts en sueur, les cheveux en bataille nous étions les rois des garrigues jusqu'au retour à la maison... la vraie.. et où le silence retombait. ----à suivre#peut être une autre fois#----